Le berger aux origines du café
Imaginez de hauts plateaux africains et les montagnes uniformément vertes du sud-ouest de l’Ethiopie. Voilà. Vous êtes arrivé dans la région de Kaffa, là où les caféiers Arabica poussent à l’état sauvage entre 1200 et 1500 mètres d’altitude.
La légende raconte qu’il y a un millier d’années, Kaldi, un berger éthiopien, aurait remarqué l’énergie délirante de ses chèvres après qu’elles aient consommé d’étranges petites baies, rouges comme des cerises. Curieux, il demande conseil à des moines soufis pour connaître la raison d’un tel comportement de son troupeau. Les religieux jettent vite les baies au feu de peur qu’il ne s’agisse d’un fruit diabolique. Mais le parfum qui exhale du foyer pique leur curiosité. Ils les retirent du feu, les broient, les laissent infuser puis décident de boire la décoction. Ils remarquent alors qu’elle leur donne à eux aussi un regain d’énergie. Le breuvage devient bien vite leur boisson favorite et sa consommation s’installe dans tout le pays. Telle est la légende qui entoure la découverte du café.
Moka et Mocha
Accompagnons cette légende mystique d’une vérité ! Si vous avez déjà entendu parler d’un « moka d’Ethiopie », sachez qu’il ne s’agit pas d’une variété de café éthiopienne. A l’origine du mot « moka », il y a le port de Mocha au Yémen d’où tous les cafés éthiopiens ont longtemps été exportés vers le monde entier. Alors conservons plutôt cette appellation pour évoquer la fameuse cafetière italienne ou éventuellement rêver d’un savoureux gâteau au café.
Trois « buna » par jour
Depuis la légende de Kaldi, le café est profondément ancré dans la culture éthiopienne, comme dans son économie.
L’Ethiopie se positionne d’ailleurs comme le premier exportateur africain de café avec plus de 200 000 tonnes exportées en 2017, ce qui en fait d’ailleurs le troisième fournisseur mondial d’Arabica, après le Brésil et la Colombie. Un Arabica dont les pays les plus friands seraient les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne…et la France ! Car nous reconnaissons la grande qualité des fèves éthiopiennes. L’Ethiopie serait par ailleurs le premier consommateur de son propre café.
Le café est tellement présent au cœur de la culture éthiopienne que de nombreux mots disent son importance au quotidien. Par exemple l’expression amharique « buna dabo naw », qui pourrait se traduire par « le café est mon pain ». Trois « buna » par jour seraient nécessaires pour se sentir en pleine forme : le matin, pour le déjeuner et enfin le soir. C’est dire si les Ethiopiens consomment le café avec ferveur.
De vrais rituels et une recette traditionnelle
En Ethiopie, la préparation du café s’entoure de rituels et ce cérémonial porte le nom de « Jebena Buna ». Ce sont les femmes qui l’organisent. Elles font d’abord brûler de l’encens, puis torréfient immédiatement les fèves au-dessus d’un lit d’herbes fraîches. Des fèves qu’elles écrasent ensuite à la seule force de leurs poignets. Une fois moulu, elles font infuser le café puis versent la préparation dans des tasses dépourvues d’anse. Attention aux doigts !
Si vous souhaitez retrouver chez vous la saveur du Buna d’Addis Abeba, sachez que les Ethiopiens dégustent aussi leur café agrémenté d’épices, comme de la cannelle, des clous de girofle ou de la cardamome et très sucré. Les rituels sont en option !